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La viorne lantane : une indigène aux multiples atouts

Arbuste indigène, la viorne lantane offre une rusticité à toute épreuve en culture, tout en cumulant des atouts indéniables.

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V iburnum lantana, arbuste à la croissance juvénile rapide, a des feuilles persistantes dans ses toutes premières années, puis devient caduque. À découvert, il forme un grand buisson au port assez dense et régulier, en cylindre, d'environ 3 m de haut et 2 m de diamètre. Il s'étend assez souvent en drageonnant, ou par marcottage spontané. Les jeunes rameaux, bourgeons nus et feuilles de la « viorne cotonneuse », surtout dessous, sont garnis de poils courts étoilés, serrés, formant un duvet doux au toucher. Les feuilles sont opposées, pétiolées, épaisses, nervurées, entières, dentées, longues de 10 à 15 cm, elliptiques. Les boutons sont crème. La floraison - des ombelles terminales de fleurs blanches fertiles - est abondante, vite fanée et sans parfum agréable, mais attire de nombreux pollinisateurs. Les baies ovoïdes, d'abord vertes, rougissent. La pulpe est prisée, seule ou avec l'ingestion des graines, par des oiseaux et mammifères communs : fauvette, geai, merle, rouge-gorge, blaireau, fouine, renard. Le nombre de graines produit par sujet s'avère plutôt faible, le taux de graines dispersées plutôt bon, de nouveaux sujets se développant lorsque le hasard des lieux de repas ou de défécations les a placées en un endroit favorable.

Des opportunités de plantation

Cet arbuste se développe ainsi en populations aux individus souvent dispersés. Ce faible dynamisme est compensé par une niche écologique assez vaste, car cette viorne supporte une alimentation hydrique variable. Héliophile, assez thermophile et calcicole, elle est spontanément absente des régions où le sol est trop acide. Il s'agit d'une espèce caractéristique des lisières des forêts calcaires, sèches ou humides, assez tolérante à l'ombre et à la concurrence d'espèces plus élevées.

Sa polyvalence, son feuillage tolérant aux agressions, ses aménités diversifiées rendent la viorne lantane souvent incontournable lors de la programmation de plantations arbustives indigènes. Sa reprise est aisée grâce à son aptitude prononcée à traverser des périodes de restriction hydrique. Son feuillage et ses fruits se remarquent. Elle compose avec grâce, lorsque ses voisins la concurrencent, se mêlant à eux et développant ses rameaux vers la lumière, où elle fructifie. Son entretien se résume à ne rien faire, à moins de vouloir limiter son exubérance. Sa longévité est de l'ordre de quelques décennies, et il est toujours possible de la recéper si son port est devenu disgracieux. Outre ses pollinisateurs, de nombreuses espèces d'arthropodes vivent à ses dépens, sans grande nuisibilité. L'espèce est aussi reconnue comme performante pour l'hébergement des phytoséiides - acariens prédateurs auxiliaires des cultures -, par exemple en bordure des parcelles de vignobles et vergers.

Christophe Chambolle (*) et Valéry Malécot (**)

(*) Ingénieur conseil en horticulture et paysage. (**) Maître de conférences en botanique.

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